Louve

Billoyez !!

C’est chez  ◘ẅ◘, un ‘tit concours comme je les aime… sur des dessins de Seb.

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Je vous vois
et vous ne me voyez pas.
Tout juste me devinez-vous
toute proche.
Je jouis de ce moment
qui n’appartient qu’à moi,
oui,
vous êtes en place de la proie.

Vous êtes ridicules
avec vos armes de bois fer et feu
là où je n’ai que griffes et crocs.
Dans les temps d’avant
je trouvais que vous aviez fière allure.
Toi surtout mon Germain.
Je te jure
qu’alors je t’admirais.
Peut-être même je t’ai aimé.

Mais, louve je suis la nuit venue
lorsqu’à ma taille je noue la ceinture.
Cette ceinture, Germain,
que tu m’avais refusée.
T’en souviens-tu ?
Sur la margelle du puits
elle m’attendait
le lendemain de chasse
où une louve blanche
par tes balles mourut.

Toi et ceux qui t’accompagnent
n’êtes plus qu’humains
exterminateurs
de ceux qui sont devenus miens.

Femme au matin
je vous écoute raconter la battue
avant d’aller me reposer,
je suis si fatiguée…
Et je souris.

Et j’attends la nuit nouvelle
qui me mène parfois
vers les troupeaux.
Et je plonge ma gueule
dans le ventre des brebis
dans le cuissot des agneaux.

La première fois fut révélation.
Rouge le sang qui coula de mes babines,
rouge la terre abreuvée de mon festin,
rouge,
couleur de mon plaisir.

Des nuits que vous nous pourchassiez
car notre jouissance
n’est pour vous que nuisance.
Aussi,
à la lune dernière,
j’ai mené la meute à l’abri des fusils
de l’autre côté de la crête.
Et j’ai hurlé mon adieu.
Et le loup mon compagnon
m’a retourné la chanson.

Désormais solitaire
je me sais condamnée
et ne peux qu’affronter
avec mes griffes et crocs
ceux qui réclament ma peau.

Je vous vois
et vous ne me voyez pas.
Jusqu’au jour je me battrai
et déjà,
j’anticipe le goût du sang.
S’il n’en est qu’un,
ce sera le tien.

Au matin,
si louve j’ai survécu
la ceinture je brûlerai,
femme je resterai,
à jamais.
Veuve de Germain.

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